Jardin bio et marque écoresponsable, les défis de Melifera
Nous avons depuis deux ans, décidé de développer un jardin bio, ancrant davantage Melifera comme marque écoresponsable.
Mais qu’est-ce que cela signifie pour nous, être une marque écoresponsable ?
En quoi le fait de cultiver nos immortelles et autres plantes aromatiques sur un jardin bio a-t-il un intérêt ? En quoi ce projet fait sens pour nous, et concrètement, qu’y faisons-nous et que voulons-nous que cela devienne ?
C’est de cet engagement au quotidien, de ce que cela suppose et de ce cap que nous nous sommes fixés, que nous vous parlons dans cet article.
Vue sur les plantations du jardin Melifera depuis l’entrée
Pourquoi créer un Jardin bio, indispensable ou pas pour une marque écoresponsable ?
La création de notre Jardin bio a pour vocation d’être le porte-voix de notre marque écoresponsable. Ce n’est peut-être pas indispensable, mais c’est une décision qui fait partie intégrante de notre projet pour Melifera.
Pour mémoire, nos premières immortelles ont été plantées au tout début de l’aventure sur un terrain maraîcher. Des exploitants bio installés au Nord de l’île, nous ont fait confiance. A leur départ, nous avons racheté les terres où étaient plantées les immortelles nécessaires à l’élaboration de notre Gin et recruté Ethel Gauthier, notre chargée de la biodiversité et des filières durables.
L’objectif du jardin Melifera est pluriel :
- Ce Jardin bio a pour vocation d’essaimer, de sensibiliser nos clients aux bonnes pratiques agricoles et socio-économiques.
- Terrain agricole, il est site de production des plantes aromatiques utilisées dans notre Gin.
- Nous avons la volonté de créer sur cet espace, un véritable réservoir de biodiversité.
- Enfin, nous voudrions emporter une communauté, créer un mouvement de gens convaincus qu’il est possible de concilier consommation et respect de l’environnement.
Vue d’ensemble du jardin Melifera en été. ©Miguel Ramos
Le projet de ce jardin bio met en avant les 3 valeurs de notre marque écoresponsable
Les trois grandes valeurs qui sous-tendent ce jardin bio et la marque Melifera sont :
- L’agroécologie et le respect du vivant : Si créer un Gin bio est important pour nous, le fait de travailler notre terrain selon les principes de l’agroécologie l’est encore plus. L’agroécologie peut se définir comme une agriculture vertueuse au service de la biodiversité. C’est un ensemble de pratiques qui visent à redonner la place aux processus naturel de fertilité du sol en s’appuyant sur la présence des organismes vivants du sol. Dans le contexte actuel de changement climatique, où les épisodes météorologiques (sécheresse, fortes pluies, tempêtes,…) vont gagner en intensité et en fréquence, nous sommes convaincus que c’est le meilleur chemin à suivre.
- La protection de la biodiversité, à travers notamment la collaboration que nous avons avec le Conservatoire de l’abeille Noire à Oléron, et au-delà, par les pratiques mises en place sur le jardin.
Abeille noire butinant nos immortelles, plantes très mellifères. © Miguel Ramos
- Le choix du local : Nous tenons à respecter le territoire sur lequel Melifera est implanté, et avons à cœur de participer au développement de l’île d’Oléron. Nous veillons à établir des relations solides avec des partenaires locaux. Aussi tous les travaux réalisés depuis l’automne dernier ont-ils tous été faits en collaboration avec des équipes de paysagistes de Marennes, et nos partenaires agriculteurs voisins.
En quoi les récents travaux sur notre jardin Bio inscrivent Melifera comme une marque écoresponsable ?
Les travaux entrepris sur notre jardin bio nous engagent comme marque écoresponsable,
- car ils ont permis la création d’un espace propice au développement de la biodiversité, garanti sans pesticides,
- car les plantations ont été choisies et réalisées en respectant le vivant,
- car ils font la part belle à une prairie permanente, élément clé de l’agroécologie.
Le jardin bio correspond à la création d’un espace favorisant la biodiversité
Tous les travaux entrepris sur notre jardin bio sont systématiquement pensés pour laisser la biodiversité du site s’épanouir. Voici quelques illustrations des décisions qui nous engagent comme marque écoresponsable, ainsi que leurs objectifs :
- Accueillir et préserver la faune sauvage
Nous avons clôturé la périphérie du site pour nous permettre d’accueillir plus facilement les animaux en éco pâturage. La taille des mailles et la hauteur du grillage a été savamment choisie afin de maintenir les sangliers à l’extérieur tout en laissant passer la petite faune.
Mise en place des piquets de châtaignier et du grillage à moutons.
- Augmenter la fertilité des sols en favorisant la biodiversité dans les sols. Le choix de semer un couvert végétal à l’automne dernier participe de cette démarche écoresponsable, stimulant la biodiversité. Nous respectons le principe qu’un sol vivant est un sol toujours couvert. Aussi notre espace est-il toujours, soit «végétalisé » (plantes aromatiques, couvert végétal, prairies et herbes hautes), soit recouvert d’un paillage (paille, bois fragmenté, mulch…) On veille ainsi à ce que les sols bénéficient toujours de matière organique pour nourrir les bactéries qui le font fonctionner. Laisser volontairement ce couvert sur pied tout l’été sur les espaces non cultivés a permis de nourrir le sol, de le protéger de l’érosion et de conserver l’humidité. Le couvert a été broyé cet automne pour apporter de la matière au sol et redensifié par semis direct, pour s’épanouir de nouveau au printemps prochain.
- Recréer de la biodiversité sur le jardin
Plus le milieu d’un espace est diversifié dans sa configuration, plus il sera accueillant pour un riche panel d’espèces végétales et animales. Plus la diversité des organismes vivants, flore autant que faune, est important, plus on va favoriser un milieu vivant dans lequel des équilibres écologiques se mettent en place naturellement, entre les ravageurs et les auxiliaires. Le fait de faire une tonte raisonnée, de créer une prairie permanente, et l’implantation d’aménagements tels que haies champêtres, nichoirs à oiseaux et perchoirs à rapaces prévus pour cet hiver ainsi que d’espaces empierrés, vont complètement dans ce sens.
La biodiversité (syrphe et coccinelle) se déploie au milieu des plantes / les phacélies en fleurs dans le couvert végétal (composé aussi de vesce trèfle, radis chinois et avoine)
- Favoriser les pollinisateurs domestiques et sauvages
L’implantation du rucher d’abeilles noires en partenariat avec Emmanuel Ratier, notre apiculteur préféré nous tenait à cœur. Le choix des botaniques sélectionnées sur le jardin va dans ce même sens : nous faisons en sorte de favoriser la diversité dans nos plantes cultivées. Celles-ci possèdent la plupart du temps un intérêt mellifère et favorise la présence d’insectes pollinisateurs et auxiliaires. Nous avons ainsi planté une quinzaine de plantes à fleurs vivaces ou bi-annuelles, représentant en près d’une dizaine de familles botaniques (astéracées, apiacées…). La reine des près, par exemple, connue pour être mellifère et chargée de pollen, attire les pollinisateurs.
©Les fleurs d’ Agastache fenouil ( Agastache foeniculum) Machaon (Papilio machaon)
La consoude, l’agastache fenouil, sont également des plantes à haut potentiel nectarifère dont les fleurs sont systématiquement visitées par les bourdons, les abeilles, les syrphes, papillons et autres pollinisateurs.
Le site accueille également différentes espèces d’arbres et de nombreuses fleurs sauvages, (ronces, chardons, orchidées, millepertuis…) intéressantes pour les pollinisateurs.
La création d'un jardin bio signifie aussi la mise en place de plantations respectueuses pour notre marque écoresponsable
- Au Jardin Melifera, nous travaillons au quotidien manuellement pour l’entretien et la récolte des cultures. Pour les travaux agricoles, lorsque ceux-ci sont nécessaires, nous ne travaillons le sol qu’au niveau superficiel et prenons soin de faire appel, autant que faire se peut, à du matériel agricole le moins lourd possible pour limiter la compaction du sol qui pourrait nuire à la circulation de l’eau et de l’air dans le sol. La limitation du travail du sol, comme la couverture du sol, est un des grands points qui favorisent l’enrichissement de la fertilité du sol. Moins on perturbe notre sol, plus les organismes vivants vont pouvoir s’y développer (microfaune, macrofaune, microorganismes et champignons). Au moment de la préparation de planches, on délimite donc les parties qui ne seront jamais piétinées.
©Réalisation des planches de cultures et broyage du couvert pour l’inter-rang
- La plantation des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PAM) a été réalisée manuellement avec les équipes. Tous les plants cultivés sont certifiés en agriculture biologique et proviennent de la Pépinière de Nathalie Novak près de Poitiers. Nous avons planté près de 1800 plants dont 700 nouveaux pieds d’immortelles ! Nous avons réalisé la plantation manuellement, avec une densité de plantation différente pour chaque variété. Les inter-rangs sont conservés enherbées.
- Le mode d’irrigation choisi pour nos plantes est aussi pensé pour économiser cette ressource. Le goutte à goutte permet d’avoir une gestion économique de la consommation d’eau, d’apporter de l’eau au pied des plantes et d’adapter l’arrosage aux besoins spécifiques de chacune. Le tuyau, comme le reste de la planche, est recouvert de paillage pour limiter l’évaporation de l’eau. Passés les premiers mois, les cultures implantées, majoritairement vivaces, devraient nécessiter peu d’arrosage.
- Le choix des botaniques a été aussi finement élaboré : d’intérêt comestible et/ou médicinal, nos plantes à fleurs possèdent aussi d’autres propriétés qui en font un atout pour le jardin (intérêt mellifère, réalisation de purin naturel, plante compagne, etc.) Elles sont par ailleurs adaptées aux milieu et caractéristiques de notre sol (biotope). La bourrache par exemple, semée en couvert à l’entrée du site avec d’autres plantes sauvages, attire de nombreux pollinisateurs. Il est intéressant de l’installer près des cultures qui demandent à être pollinisées. L’armoise ou l’absinthe sont des répulsifs efficaces contre les insectes, rongeurs, escargots et limaces. Elles sont aussi plantes hôtes des auxiliaires des pucerons.
Plantations des PAM au printemps
- NB : le couvert « pollinisateur » semé dans le massif paysager à l’entrée du site est labellisé « Végétal local » (Fournisseur : Semence nature) attestant que les végétaux sauvages et locaux sont issus de collectes en milieu naturel, qu’ils n’ont pas subi de sélection par l’homme ou de croisement et qu’ils sont naturellement présents dans la région d’origine considérée, ici la région Sud-ouest. L’intérêt d’associer plusieurs végétaux locaux aux cultures est d’importance écosystémique. Nourrissant les insectes, ces fleurs favorisent également la présence de toute l’avifaune qui s’en nourrit.
Dans notre volonté d’être une marque écoresponsable, notre jardin bio comprend une prairie permanente, pilier de l’agroécologie
Dans notre jardin bio, au-delà des pratiques agricoles, soucieux d’enrichir l’écosystème, nous respectons les piliers de l’agroécologie à travers la restauration d’une prairie permanente.
Autrefois en friche ou en partie cultivée en maraichage, notre objectif est de conserver un espace en prairie naturelle, c’est à dire présentant un cortège floristique diversifié et spontané, n’ayant été ni retourné, ni re-semé. Même si on les qualifie de naturelles, c’est le travail de l’homme qui maintient ces prairies en l’état, grâce à la fauche ou au pâturage.
Faute d’entretien, ces agrosystèmes s’enfrichent et évoluent vers un stade forestier. Maintenir une prairie permanente est ambitieux, mais c’est l’idéal à viser, d’autant que nous disposons aussi d’autres milieux tout aussi complémentaires à l’espace cultivé, telle qu’une zone en lisière de bois bordée d’un espace forestier abritant un marais doux ainsi que des zones en friche alentours. Nos partenaires, les ânes d’Oléron, nous aident beaucoup dans cette ambition, en faisant paître leurs moutons, boucs et autres baudets du Poitou.
La prairie permanente gérée en écopâturage avec l’équipe des Anes d’Oléron
De la même manière que nous limitons le travail du sol pour ne pas détruite les organismes présents, nous veillons à limiter la tonte, à laisser les herbes hautes, à la fois abri pour la biodiversité et protection du sol. Associées aux haies et aux arbres que nous ambitionnons de planter prochainement, les espaces non tondus offrent des habitats variés où peut se réfugier, se nourrir et se reproduire une grande diversité d’animaux (insectes, oiseaux, mammifères) très précieux dans la chaîne alimentaire et utiles à l’équilibre naturel du jardin.
Les prairies jouent aussi un rôle important dans le cycle de l’eau en favorisant son infiltration et en limitant le ruissellement. En été, l’effet de captation de l’air sera très important. Les grandes herbes font office de filets à rosée, elles empêchent les rayons du soleil de frapper le sol. Il y aura plus de champignons dans le sol, et la capacité de ce même sol à ne pas trop s’évaporer sera accrue.
Ces engagements sont essentiels pour la préservation de la biodiversité mais aussi déterminants pour enrichir le sol et améliorer l’adaptation des plantes au changement climatique. L’implantation de couverts végétaux est un moyen intéressant pour stocker du carbone dans les sols et participer à limiter l’émission de CO2 dans l’atmosphère et le réchauffement climatique qui en découle. En effet, les prairies à faible densité de pâturage ont une capacité accrue à absorber du carbone et à l’accumuler dans le sol, grâce au processus naturel de la photosynthèse.
Comment s’inscrit le Jardin Bio Melifera dans l’avenir de la marque Melifera ?
Afin de créer ce jardin bio et de s’affirmer marque écoresponsable, nous avons beaucoup lu, nous sommes beaucoup documentés et jouissons de l’expérience d’Ethel qui sait s’entourer de partenaires précieux.
Ethel, notre chargée de la biodiversité et des filières durables, prenant soin de l’Agastache fenouil
Le Jardin Melifera par sa taille, ses petits volumes de production et la qualité du site est un magnifique terrain d’expérimentation de l’approche de l’agroecologie dans ses pratiques culturales et de gestion du site. Il faut apprendre à cultiver des plantes qui vont indirectement entretenir la vie du sol en apportant de la biomasse et un système racinaire. Il faut réintroduire des haies et des arbres dans les champs, sur le modèle de l’agroforesterie, pour la même raison.
Par de bonnes pratiques agricoles, on peut ainsi être le garant d’une biodiversité préservée et rendre des services écosystémiques à la société.
Ces pratiques respectueuses ont aussi un sens particulier dans la perspective de dérèglement climatique.
Gardons à l’esprit que les végétaux sont nos meilleurs alliés dans la lutte contre le réchauffement climatique quand ils absorbent le CO2, le principal gaz à effet de serre, le stockent à l’intérieur d’eux, mais aussi dans le sol. Ainsi les forêts, tourbières et autres prairies forment d’immenses réservoirs de carbone naturels, véritables barrières contre le réchauffement climatique.
Mais il n’existe pas de recettes toutes faites et chaque technique expérimentée doit être appréhendée en fonction de son contexte et connait des réussites et des échecs. C’est ce qui rend l’approche agroécologique complexe mais ô combien intéressante et en accord avec nos valeurs profondes liées à la nature ! Le partage d’expérience avec d’autres producteurs est également fondamental et stimulant pour dépasser les difficultés.
Notre vœu est de créer un espace, qui à terme, pourrait être décliné dans d’autres lieux, voire d’autres pays. Si les principes doivent être adaptés par chacun à ses contraintes, l’agroécologie est un processus qui peut être entrepris par tous et pour toutes les productions.
Et pourquoi pas, rêver que les idées du Jardin Melifera essaiment…
Lieu de visite, porte-parole des valeurs de notre marque écoresponsable, en même temps qu’il est espace de production, ce jardin bio a pour vocation de se développer.
Nos plantations vont croitre, s’étendre sûrement, tendant même vers l’autosuffisance, mais nous tiendra toujours à cœur de respecter les principes et équilibres requis par l’agroécologie.
Cécile-Julie, Ethel et Christophe dans le jardin ©Miguel Ramos